"Je suis une citoyenne du monde qui a fait son nid dans l'Oise". Gundrun Morel, peut-être la plus latine des peintres allemands, affiche le sourire d'une artiste curieuse de l'humanité qui l'entoure. Gourmande de voyages, de rencontres et d'émotions, elle n'a de cesse de peindre l'homme et la femme.
Pendant tout le week-end de la Pentecôte, l'abbaye Saint-Arnoult et ses jardins multicolotes étaient portes ouvertes. Gudrun y était chez elle, et exposait justement une série de peintures "de toutes les couleurs" à faire pâlir les roses.
CITOYENNE DU MONDE
"J'ai vécu en Afrique du Sud, au Moyen-Orient, au Maghreb, au Maroc, en Amérique Centrale...", se souvient la peintre avec un accent souriant.
Le parcours de Gundrun Morel est riche et atypique. Née en Allemagne, en 1945, l'artiste a mené des études d'arts plastiques à Rabat, au Maroc, puis de dessin à Rasht, en Iran. Elle a ensuite vécu au Mexique où elle étudia la représentation picturale du corps humain aux beaux arts.
C'est d'ailleurs au Mexique que Gudrun Morel expose pour la première fois, en 1987. Plébiscitée, elle renouvellera douze fois l'expérience avant de quitter l'Amérique latine en 1992. Une fois revenue sur le vieux continent, elle accrochera même ses toiles au Grand Palais de Paris, dans les salles de la tour Eiffel. Dans l'Oise depuis onze ans, insatiable, elle a également exposé une trentaine de fois en Ile-de-France et en Picardie. De passage au Japon, en 1997 et 1998, elle fut également à l'honneur lors de l'exposition internationale de Kobe.
LE RÈGNE DU SENTIMENT
Où qu'elle soit, Gundrun Morel voit en technicolor. Sa gamme chromatique est riche de ses pérégrinations. Elle vante le cosmopolitisme régénérateur : "Je me suis nourrie tout au long de mes périples".
Parfois, le ciel de France gris et bas est propice au vague à l'âme. Gundrun le combat avec ses pinceaux. Un tableau déborde de jaunes et de rouges flamboyants : "L'ouvrage d'un jour où je manquais de soleil, où j'avais soif de lumière."
Car la peinture "n'est qu"un moyen d'évasion, un outil". Avec lui, Gundrun Morel s'acharne "à toujours, rechercher les émotions, toujours, toujours." Sensuelle, débridée ou pudique, la peinture de Gundrun Morel est avant tout sensible.
FAIRE SON NID
Globe trotteuse perpétuellement en éveil, Gundrun Morel vit désormais sur les berges de l'Aunette, dans le Valois. Elle y trouve calme et inspiration. Peu importe en fait, qu'elle s'y trouve à l'aise. "Je conserve mes racines en Allemagne. Je m'en éloigne pour mieux y revenir. J'y tiens pour mieux m'en libérer et m'évader."
S'évader vers plus d'exotisme, lorsque Gundrun Morel se nourrit directement des formes et des couleurs de Gauguin. Exotisme toujours, lorsqu'elle puise dans la tradition espagnole plus crûment sensuelle. Exotisme enfin, lorsque la peintre synthétise toutes ses influences pour obtenir un alliage plus personnel.
O.M.