"Le cœur des morts est une boite à musique. A peine commence-t'on à penser à eux qu'il en sort un air léger et déchirant" (Christian Bobin).
Alliant les souvenirs du shtelt à la mystique juive, les Fantômes du Yiddishland révèlent la beauté et la complexité d'un monde disparu à travers les œuvres de Jacob Balgley, Henri Epstein, David Garfinkiel, Georges Kars, Pinchus Krémègne, Jules Pascin, Sergio Birga, Serge Kantorowicz, Hubert Haddad... La modernité yiddish s’ouvre aux fantômes comme à la traversée des ombres, mêlant le monde des morts et le monde des vivants. C'est toute la société juive qui semble se représenter, métamorphosée par l’espace magique du songe, la mise en scène surnaturelle des rêves d’un voyageur chagallien, sorte de Juif éternel tissant ses visions d'inquiétante étrangeté.
A travers les thèmes du dibbouk, Lilith, le golem et la modernité insolente de l'Ecole de Paris, un même souffle semble unir les communautés humbles et superbes, vibrantes d’un symbolisme romantique, de récits inspirés de la Kabbale et du hassidisme, d'histoires d'amour tragiques. Entre mémoire et espoir, résonne cette musique des absents, ainsi, peindre, c’est s’inscrire dans la mémoire, se souvenir de ce qui n’est plus, mais aussi s’ancrer dans le présent, dans la résilience, la protestation contre la mort. "L'art est un anti-destin" disait Malraux, l'art de rêver appartient à ceux qui vivent éternellement.
Delphine Durand, historienne de l'art et des religions
fantômes du yiddishland
dialogue entre l'ici-bas et l'au-delà
Du 14 novembre au 5 décemBRE 2024.
Vernissage, mercredi 20 novembre de 18h à 21 heures.