Dans l’œuvre de Nat Shapiro le graphiste est toujours présent. C’est la ligne qui construit et rythme la composition, qui impulse la dynamique. Une ligne droite ou courbe, mais toujours précise sans hésitation ni repentir, la couleur tantôt diluée, tantôt opaque, venant animer la surface, donner l’illusion du volume ou de la profondeur. C’est pourquoi si l’artiste a aussi peint des tableaux sur toile c’est dans les œuvres sur papier qu’il excelle, que ce soit à l’aquarelle, à la gouache ou à l’acrylique.
PROLONGATION jusqu'au 20 avril2023
VERNISSAGE MERCREDI 15 FÉVRIER 2023
de 18 à 21 heures
Nat Shapiro, qui a dessiné dès son enfance, a décidé après la guerre de suivre un enseignement artistique traditionnel à l’Art Students League de New York. Parallèlement il commença une carrière d’illustrateur et de graphiste qu’il poursuivra sa vie durant, s’assurant ainsi une indépendance financière, qui lui autorisera une entière liberté dans sa création artistique personnelle. Même si on peut percevoir une interaction entre ces deux activités, l’artiste a toujours tenu à les cloisonner.
En 1961, il décide sur un coup de tête et sans avoir assuré ses arrières de s’installer avec sa famille à Paris à l’instar de nombreux peintres et écrivains américains, à une époque où Paris était encore la capitale vivante des arts et de la culture. Il découvre les galeries, fréquente les expositions et s’imbibe des différentes tendances de l’art moderne européen ou plus précisément de l’art abstrait qui était alors le mouvement dominant, que ce soit l’abstraction sensible ou l’abstraction géométrique. Toutefois ce sont des artistes célèbres avant guerre qui vont l’inspirer et mar- quer sa création : avant tout Paul Klee, Kandinsky des années 30 ou encore Joan Miró, peintres pour lesquels rigueur et précision riment avec légèreté et fantaisie. Plus tard il s’intéressera à l’Op Art, à l’art cinétique et à Vasarely.
Dans l’œuvre de Nat Shapiro le graphiste est toujours présent. C’est la ligne qui construit et rythme la composition, qui impulse la dynamique. Une ligne droite ou courbe, mais toujours précise sans hésitation ni repentir, la couleur tantôt diluée, tantôt opaque, venant animer la surface, donner l’illusion du volume ou de la profondeur. C’est pourquoi si l’artiste a aussi peint des tableaux sur toile c’est dans les œuvres sur papier qu’il excelle, que ce soit à l’aquarelle, à la gouache ou à l’acrylique.
Son sens de la rigueur et de la précision, son goût pour la géométrie et la construction s’accompagnent d’échappées poétiques où transparaissent une joie et une légèreté toute enfantine. Ainsi cette fascination pour les cerfs-volants dont le motif revient si souvent dans son œuvre ou encore les séries de ga- laxies où l’artiste se soustrait à la gravité du monde. Ce sont les œuvres où la géométrie est portée par l’imaginaire qui sont les plus séduisantes.
Par ailleurs l’illustrateur fait parfois surface dans son œuvre personnelle mais sous une forme stylisée et concise plus allusive que descriptive. Ainsi ses « illustrations » de la Bible où des scènes religieuses sont évoquées avec distance et humour qui rappellent les dessins de Chagall pour le théâtre juif de Moscou ou encore les coupoles des églises byzantines de Grèce et les mosaïques de Ravenne, souvenirs de voyages qui lui ont inspiré plusieurs séries d’aquarelles.
Nat Shapiro s’est toujours refusé à commenter son œuvre voire à expliciter ses recherches, même à ses plus proches, sa femme ou ses enfants. Est-ce par pudeur, par excès de modestie ? On ne le saura jamais et l’amateur restera toujours dans l’incertitude. Pourquoi l’artiste s’est il engagé dans autant de directions différentes, pourquoi n’a-t-il pas fixé un style ? Pour ma part je risquerai une hypothèse : le plaisir et le bonheur d’expérimenter l’emportait chez lui sur tout autre considération, se soumettre aux règles du marché ou délimiter un territoire.
Le juif errant ou encore l’artiste cosmopolite dont l’œuvre respire la joie de vivre et l’amour de la liberté avait toujours le pre- mier et le dernier mot.
Yves Kobry
NAT SHAPIRO
LA rigueur et la joie
Du 16 février au 20 avril 2023.
Vernissage, MERCREdi 15 février de 18h à 21 heures.