Et s’il est vrai que l’univers va en accélérant, brassant et diluant des formations qui nous sidèrent, celui de Van Blime ouvre à des spéculations cosmiques où l’on se prend à voir, à un rythme accostable, l’effet au goutte à goutte de particules inconnues et musicales que l’on appelle quintessence.
L’art de Jean-Claude Van Blime semble accéder aux premiers temps pétris de forces gravitationnelles, de pensées originelles et de couleurs symboliques, celles que l’humain fondamental seul pourrait comprendre et dont nous ressentons l’énergie sans pouvoir l’expliquer.
Œuvres troublantes et singulières, méditatives par essence, qui paraissent prendre la distance pour sujet, mais tout en la rendant comme accessible par un chromatisme qui ne se refuse pas l’éclat. Aux questions silencieuses sur le temps, les toiles répondent et ne répondent pas ; elles les déploient sereinement en des manifestations esthétiques, des événements liés aux songes, des émergences de prémonitions dont la survenue peut-être donnerait un sens au monde, et à la présence au monde.
Et s’il est vrai que l’univers va en accélérant, brassant et diluant des formations qui nous sidèrent, celui de Van Blime ouvre à des spéculations cosmiques où l’on se prend à voir, à un rythme accostable, l’effet au goutte à goutte de particules inconnues et musicales que l’on appelle quintessence. Cette énergie a la capacité d’approfondir l’espace à mesure que la pensée accepte de se simplifier.
Une telle disposition d’esprit évite toute interprétation unique, misant plutôt sur l’aptitude conceptuelle et une perception qui s’autoriserait d’intimes vertiges. Nous retrouvons ici l’attachement du peintre aux très sensibles espace-temps de Zao Wou-Ki et aux effacements crépusculaires de Pierre Soulages dont les infimes rehauts de secrète lumière impriment la rétine de qui se livre à leurs flots noirs.
De même qu’il est une musique au sein de la musique, ou si l’on veut un silence au cœur du silence, les effets de ténèbres dans la peinture de Van Blime ouvrent à des densités intuitivement liées aux plus vastes mystères, à ces naissances lumineuses, ces gerbes d’étoiles induites par des tensions qui se résolvent dans le temps. Parfois, par quelque image d’hologramme, nous apparaissent des agrégats multi-dimensionnels en des frontières illusoires. Les éléments de notre monde terrestre, mais aussi les nébuleuses et les réalités astrales incitent au questionnement sur le séjour céleste ou l’existence d’une constante cosmologique. Idée religieuse sans doute qui feint de ne pas se poser, ni d’apporter un sens, ni d’engager le lointain même.
Il apparaît qu’ici, à la surface de toiles ensoleillées ou orageuses -- qu’elles s’éclairent d’étincelantes béances, qu’elles se voient parfois striées de quelque code ancien --, les théories de l’éther ou de l’isotropie à grande échelle, de la balance énergétique de l’Univers, de l’expansion aux variations incalculables puissent trouver presqu’une ellipse de résolution. Si l’art devait se concevoir comme écriture, celui de Jean-Claude Van Blime serait alors un des moyens offerts pour à la fois transmettre, mémoriser une pensée de l’infini et de l’intemporalité.
Bernard Pichon Euzen
Van Blime
L'énergie cosmique
Hommage à Soulages et Zao Wou-Ki
Du 5 mai au 31 mai 2022.
Vernissage, Jeudi 5 mai de 18h à 21 heures.
Galerie SAPHIR
69 rue du Temple
75003 Paris
Tous les jours de 13h à 19 heures